Pensée Parallèle – A. Bettik

CHICAGO TIMES, le 22 juin

Le Cas Des Enfants Possédés, DU NOUVEAU…

CHICAGO— C’est hier, peu avant 15 heures, qu’un homme d’une quarantaine d’années s’est jeté sous la rame du métro de la station « Orville ». L’homme s’est approché des rails, s’est brusquement retourné vers les gens qui le regardaient, laissa tomber un cahier-agenda par terre et se laissa basculer sur les rails au moment même où le métro entrait dans la station.

L’identité de l’homme, tué sur le coup, reste un mystère pour la police municipale, qui aimerait beaucoup connaître le lieu de résidence de ce dernier. En effet, les révélations troublantes de son cahier jettent une toute nouvelle lumière sur ce qu’on appelle maintenant en Amérique aussi bien qu’en Europe : Le Cas Des Enfants Possédés.

Pour le bénéfice de nos lecteurs, la direction du journal a cru bon de publier intégralement le contenu de ce cahier…

 

23 avril, 20h39. Je reviens de dehors. J’étais assis sur la véranda. Je regardais les enfants jouer avec leurs copains de la maison voisine. Ils étaient en train d’inventer je ne sais quel nouveau jeu, quand, soudainement, Evelyn, mon aînée, s’est retirée du groupe, s’est assise par terre et a entamé un chant long, monocorde, presqu’une plainte… Evidemment, je n’ai pas cherché à m’interposer. Je crois qu’il est du devoir d’un père de respecter le monde très particulier de ses enfants même si parfois, nous les parents, ne comprenons pas très bien le sens de leurs activités. Toutefois, cette action de ma fille m’a particulièrement intrigué, le chant était si triste, si lointain…

25 avril, 17h45. Se pourrait-il que mon inquiétude soit justifiée ? Est-ce la une nouvelle activité de leur cru ? Evelyn a recommencé son chant de désespoir, elle s’accroupit sur son siège, place ses mains sur ses oreilles, ferme les yeux très forts et laisse entendre sa plainte en se balançant légèrement d’avant en arrière. Avant-hier, lorsqu’Evelyn a agi de cette façon, son frère et leurs deux copains ont arrêté le jeu qui les occupait et semblaient surpris du comportement de ma fille. À ce moment-là, je ne m’inquiétai pas outre-mesure car j’avais ce réconfortant sentiment d’être un spectateur parmi d’autres spectateurs en train de regarder une activité pour le moins originale. Aujourd’hui, cependant, les trois enfants entourent Evelyn de très près et semblent participer indirectement à ce chant, ils se balancent eux aussi légèrement d’avant en arrière et semblent être perdus dans une étrange rêverie. Je me sens éloigné de plus en plus d’une compréhension rationnelle de cette activité.

30 avril, 6h. J’avais presqu’oublié ce qui s’était produit cette semaine. Hier soir, vers 21 hres, j’étais dans mon bureau â écrire une lettre à mon épouse, étudiante a une université outremer, quand, soudain, venant du sous-sol, j’entendis le même chant monocorde, à la différence que, cette fois-ci, il n’y avait pas qu’un seul interprète, ma fille n’était plus seule, je pouvais clairement distinguer quatre voix…

Avec beaucoup de précautions, je descendis jusqu’au sous-sol, j’entrouvis la porte et, tout en me guidant dans une obscurité presque totale, je me rendis jusqu’à la chambre de mon fils, Gary. Je voulu ouvrir la porte, le loquet était mis, je regardai par la serrure, ils étaient là tous les quatre, assis par terre, formant un cercle. Tout le mobilier de la chambre de Gary, lit, chaises, bureau, avait été entassé dans le fond de la pièce.

Au centre de cette dernière, une petite lampe, offerte à Gary quelques mois plus tôt, envoyait une lumière blanche qui accentuait les ombres. Les quatre enfants, eux, se balançaient à une cadence régulière tout en émettant ce son continu d’outre-tombe.

Je me précipitai au rez-de-chaussée pour trouver une clé susceptible d’ouvrir la porte de la chambre de Gary. Lorsque cela fut fait, je retournai au sous-sol dans le but d’entrer brusquement pour leur rappeler qu’il leur était interdit d’amener des amis dans leurs chambres sans ma permission et les obligeant, de ce fait, à quitter la pièce et à retourner à des activités plus normales.

J’entrai. Ils ne firent même pas attention à moi. Je touchai Gary au visage, il ne broncha pas, sa peau était froide, pâle, presque verdâtre. Je reculai de peur et me dirigeai vers Evelyn. A ce moment précis, le chant diminua en intensité pour ne devenir qu’un vague murmure. Je sortis précipitamment de la pièce pour ne pas qu’ils sachent que je connaissais leur activité. Je m’en allai à mon bureau et attendit.

Je ne sais pas si ce fut mon état de grande tension qui m’épuisai à ce point, mais je m’assoupis et m’éveillai à deux heures du matin. Je décidai d’aller à la chambre de Gary. Je descendis au sous-sol, ouvrit la porte de sa chambre, tout était noir… Je pris une minuscule lampe de poche qui me servait aussi de porte-clé et j’éclairai la pièce. Tout était dans un ordre impeccable et Gary dormait profondément. Cependant, ce dernier prononçait quelques syllabes que je m’efforçai de retenir :   « Je ressens l’amasite réglir douçante… »

Je me précipitai au premier jusqu’à la chambre d’Evelyn, je m’arrêtai sur le seuil de sa porte et les mots me parvinrent faiblement :

« Je ressens l’amasite réglir douçante… »

Je suis affalé dans le fauteuil de mon bureau, je ne suis plus capable de dormir. J’ai complété la lettre à mon épouse et lui ai caché tous ces événements. Je ne sais pas si tout cela est réel, et, si c’est le cas, je ne crois pas qu’elle pourrait comprendre plus que moi, et cela risquerait de l’inquiéter inutilement. Et si rien n’est réel, mon imagination, en créant de telles chimères, me fait craindre pour mon équilibre mental.

J’ai décidé, cependant, de tout consigner par écrit et de laisser mon cahier à quelqu’un en qui je pourrais avoir confiance. J’ai donc recopié les extraits de mon journal intime concernant ces événements et j’ai cru nécessaire de décrire ma petite famille. J’ai 39 ans, je suis architecte décorateur pour une petite compagnie, je me suis marié il y a déjà 14 ans (comme tout cela paraît loin aujourd’hui) avec Danièle, ma douce épouse qui a repris ses études dans une université outre-mer lorsque les enfants furent assez âgés pour fréquenter l’école, ma grande fille, Evelyn a 13 ans, c’est une blonde aux yeux pairs, elle est de constitution fragile, très vive d’esprit et aussi très timide. A 12 ans, Gary, pour sa part, est très aventureux. Un peu grand pour son âge, il revient toujours à la maison avec une éraflure ou une légère blessure, résultant de ses explorations de la campagne avoisinante. Mes enfants fréquentent deux autres enfants de leur âge:  Mireille et Jean qui habitent près de chez nous. Heureusement que tous les quatre s’entendent bien, il n’y a pas d’autres voisins à moins de 10 km. D’ailleurs demain, j’irai voir les parents de Mireille et de Jean pour voir s’ils ont remarqué quelque chose de particulier chez leurs enfants.

4 mai. Je suis allé chez mes voisins et n’y ai rien appris. J’ai posé mes questions de façon indirecte en faisant bien attention de ne pas faire d’affirmations que j’aurais à regretter par la suite. Ils m’ont attentivement écouté, ils semblaient vouloir me répondre avec franchise, mais, ils n’avaient rien vu ni entendu de particulier. J’avais l’étrange sensation, toutefois, que même s’ils avaient voulu me parler, ils ne l’auraient pu.

5 mai. J’ai parlé à ma fille il y a quelques heures. Je lui ai demandé de me suivre à mon bureau, et, lorsqu’elle fut assise, je pouvais facilement constater qu’elle était apeurée, inquiète… J’ai donc été très délicat lorsque j’ai abordé le sujet des chants mystérieux. Elle était assise à quelques pieds de moi et elle regardait fixement le carrelage de la pièce où nous étions. Je lui répétai à quelques reprises la question à laquelle elle ne semblait pas vouloir répondre. Finalement, impatienté par son silence, je lui demandai fortement ce que voulais dire les mots : »Je ressens l’amasite réglir douçante.  » Elle leva sa tête très lentement et me regarda droit dans les yeux.

Au début, je fus capable de supporter son regard, mais, bientôt, je sentis monter en moi une douleur étrangère, une douleur qui fouillait ma moelle épinière en la parcourant de bas en haut et inversement. La douleur, lentement, délaissa ma moelle pour explorer mon cerveau. D’abord, le balayage se fit à l’intérieur de l’hémisphère gauche, et puis ensuite, ce fut le tour de celui de droite. J’étais complètement paralysé, incapable de bouger, incapable de penser, je ne pouvais que voir ma fille qui me regardait avec un visage où je lisais de la tristesse et de la pitié. Soudain, le chant, ce chant plein d’horreur se fit entendre de nouveau. Je regardai me fille qui gardait ses lèvres parfaitement closes. Je m’appliquai à essayer d’analyser la provenance et la qualité sonore du chant, et c’est d’un seul coup que je réalisai que c’était là, la voix d’un homme adulte et que le son provenait de mes propres cordes vocales.

Mai, 13h47. J’ai de plus en plus de difficulté â écrire ou à me concentrer sur une activité intellectuelle quelconque. Il y a dans mon esprit une présence qui n’est pas une autre entité complète, mais qui est différente de moi, du « je ». Cette présence ne se manifeste jamais sous forme d’une obligation de faire quelque chose, elle est en moi, et c’est tout.

Mai. Je ne suis plus capable de comprendre ce que veulent dire les aiguilles de ma montre-bracelet sauf lorsqu’elles sont entre midi et quinze heures, alors je peux interpréter leurs positions par rapport aux chiffres qui sont sur le cadran blanc. La nuit dernière, j’ai, â l’aide d’un petit magnétophone, enregistré ma voix durant mon sommeil ; l’enregistrement me permet d’entendre clairement ma voix qui prononce continuellement : « Je ressens l’amasite réglir douçante… ». Je ne sais pas ce que font mes deux enfants, je me suis enfermé dans mon bureau et je ne vois ni n’entends aucune manifestation de vie humaine. Je lutte pour ne pas sombrer dans la folie…­

Mai, 12h30. Aujourd’hui, j’ai dû quitter la maison pour trouver de la nourriture car il n’y en avait plus à la maison. J’ai fait un saut â la maison des voisins, il n’y a plus personne, je suis donc seul, laissé totalement seul, puisque mes deux enfants sont introuvables.

En utilisant mon automobile, je suis allé au village le plus proche.

Ce voyage a été bénéfique, non seulement ai-je trouvé des vivres pour quelques jours, mais j’ai aussi eu l’occasion de renouer contact avec d’autres êtres humains. Bien entendu, j’ai soigneusement évité de leur parler de ce qui m’arrive, tout cela est trop incroyable, on ne me croirait jamais, je devrai patiemment attendre d’accumuler des preuves.

Mai ou juin. Déjà plusieurs jours que je n’ai écrit. Mes enfants sont revenus, tout comme la douleur et l’étrange chose dans mon esprit. Ils m’ont enfermé dans le sous-sol et ils viennent déposer de la nourriture sur le seuil de la porte d’entrée. Étrangement, je sens qu’il est inutile de leur résister, que je ne peux rien faire contre eux. Mon esprit bascule dans un monde irréel â chaque fois que l’horloge montre une heure autre que cette reposante période de trois heures par jour…

J’essaie, pour sauvegarder mon esprit faible de sombrer définitivement, de fixer mon attention sur des événements de mon passé qui ont une grande importance pour moi. Ce qui est le plus étrange, c’est que mon esprit refuse de se laisser aller à la sécurité procurée par de tels souvenirs. Ainsi, chaque fois que j’essaie de m’accrocher à l’image de mon épouse, l’image d’une autre femme mi-réalité, mi-fantasme, surgit dans mon esprit. Et plus je veux retrouver les caractéristiques qui font que j’aime tant Danièle, plus mon esprit me donne des images de cette autre créature. Si j’essaie de penser à mes enfants ou à mon travail, mon esprit s’obstine à me montrer des images de contrées infiniment belles, où il n’y a ni travail, ni procréation au sens où nous la connaissons. Tissu de mensonges que tout cela, même si ces éléments constituent l’essentiel de mes pensées quotidiennes.

Mai, juin ou juillet, qu’importe ? Je suis assis dans une station de métro. Je ne sais pas trop dans quelle ville je suis et cela n’a plus d’importance. Ce qui est important, c’est que je me sois définitivement enfui de chez moi et que j’aie compris le pourquoi de tous ces phénomènes.

Je crois que je pourrais décrire ce qui s’est produit en moi comme étant l’existence, au sein même de ma propre pensée, d’une forme de pensée parallèle qui, sans me diriger dans une réflexion précise, m’empêchait d’utiliser mon cerveau pour mes propres réflexions. Petit à petit, j’ai découvert que plus mon esprit vagabondait a la recherche de souvenirs vagues, plus cette pensée parallèle s’obstinait à faire apparaître en moi mille et un fantasmes complètement déroutants. Ainsi, quand je m’éveillais le matin, mon cerveau, non préparé â penser de façon précise, devenait une sorte de récepteur à des idées de conception non humaine et non compréhensible pour un humain. De la même façon, lorsque je pensais â mon épouse, la foule de souvenirs évoqués éloignaient ma réflexion d’un objet précis et faisaient en sorte que ma pensée, sous l’effet de cet autre esprit, convergeait vers cette autre femme qui s’imposait tellement à moi que j’en oubliais les traits physiques de ma propre épouse.

Je devenais, toutefois, de plus en plus habité par cette pensée parallèle jusqu’au jour où un accident me fit découvrir la vérité. J’essayais, ce jour-là, de me rappeler en quelle circonstance j’avais connu Danièle, et l’image du corps nu de l’autre s’offrait à mon esprit. Je pouvais clairement distinguer ses longs cheveux, sa nuque délicate et ses fines jambes, et je vis son genou, le genou de mon épouse avec une petite cicatrice qui nous amusait beaucoup elle et moi. Je me concentrai sur cette cicatrice et l’autre femme s’effaça complètement de mon esprit. Ainsi, j’appris qu’aussi longtemps que mon esprit se contenterait d’une pensée primaire, très simple ; la pensée parallèle n’avait aucun pouvoir sur ce dernier.

Ainsi, j’avais découvert une arme contre cet étrange envahissement de mon esprit. Je me mis à pratiquer cette forme intense de concentration primaire en me servant des notions les plus élémentaires de mes connaissances générales. Je passais des journées entières â me répéter que la troisième planète du système solaire est la terre, ou que la pellicule photographique est composée d’une mince couche de nitrate d’argent, etc… À la longue, je me rendis compte, que si je maintenais cette concentration, mes yeux pouvaient voir les choses autour de moi sans que mon esprit n’ait à les analyser. Ainsi, je pouvais, par la fenêtre de ma cave, regarder mes enfants s’affairer à creuser la terre dans notre cour arrière pour ensuite transporter des pierres de différents formats à un endroit qui m’était, pour le moment, invisible… Par la suite, lorsque venait la période de repos entre midi et quinze heures, je m’efforçais de dormir un peu et si je ne le pouvais pas, j’analysais minutieusement le détail des événements vus par mes yeux.

C’est il y a deux jours que se produit l’événement qui devait m’apporter les éclaircissements qui firent en sorte que je me retrouve dans cette station de métro. J’étais â me concentrer sur le fait que les quatre coins de la grande pyramide font de parfaits angles droits, j’entendis du bruit dans la chambre de Gary, sans essayer d’analyser la cause de ce bruit, je m’y précipitai instinctivement pour apercevoir, une fois parvenu sur le seuil de la porte, deux êtres luminescents, qui paraissaient avoir une grandeur maximale d’un mètre, en train de pénétrer dans une petite salle par une porte bien camouflée par le bureau de mon fils. Ils se tournèrent vers moi et me regardèrent avec des yeux me rappelant étrangement l’œil du chat. Je n’essayai pas de bouger, je me répétais continuellement que les quatre coins de la grande pyramide fermaient des angles de 90°. Je sentais les fibres de ma moelle et de mon cerveau s’agiter, se séparer et se rescinder, mais je m’obstinais à penser aux angles de 90° de la grande pyramide.

C’est à midi, ce jour-là, que je compris. Je laissai mon esprit vagabonder à son aise et voilà que les images surgirent, mais ces dernières ne s’imposaient pas de force, elles étaient là, prêtes à être analysées ou repoussées, je les analysai.

Ces êtres luminescents viennent de Jupiter ou d’un satellite de cette planète, je n’en suis pas certain. Leur pensée procède d’une forme hautement développée de pensée commune (tout comme celle régissant les colonies de fourmis), il n’y a pas d’individu sur le plan intellectuel. Cette pensée commune fait relâche entre midi et quinze heures de notre temps et cela semble correspondre à leur période de repos. Ils sont sur terre pour quérir certains minéraux presque complètement disparus de leur planète mais nécessaires à la survie de leur société. Ils ne veulent pas vivre sur terre, le soleil est trop près et la gravité trop différente de leur propre planète. Ils veulent s’approprier le genre humain pour faire de nous des esclaves les approvisionnant en minerai pour les prochaines décennies, et ils ont ce pouvoir, partiellement toutefois.

Le fait que les enfants soient les premiers touchés par leurs indications n’est pas l’effet du pur hasard. En fait, ces derniers, avec leur cerveau en pleine formation et leur éducation aux règlements, us et coutumes de notre culture humaine non encore complétée, constituent un matériel sur lequel ces extra-terrestres peuvent facilement travailler en étouffant les valeurs déjà reçues de nos enfants et en les remplaçant par une méthodologie pour creuser la terre et trouver des minerais précis. Par contre, les adultes que nous sommes, avec nos valeurs acquises et bien imprégnées dans nos cerveaux, ne « pouvons pas être si facilement domptés « . C’est sans aucun doute ce qui explique que mes enfants succombèrent complètement au pouvoir de cette pensée étrangère alors que cette dernière ne faisait que cohabiter avec mon esprit en lui suggérant des images irréelles qui, pendant plusieurs jours, me firent croire que je devenais fou. Heureusement, notre niveau intellectuel est presque le même que celui de ces étrangers. Bien que nous n’ayons pas la possibilité d’hypnotiser ou de contraindre ces étrangers à nos volontés comme ils nous imposent la leur. C’est cela qui m’a permis de tout comprendre ; en fouillant mon esprit, ils m’ont laissé fouiller le leur et, maintenant, je suis protégé de leur pensée et de ses images.

Fort de cette nouvelle conscience je décidai d’en finir avec eux car je les savais aussi physiquement faibles et non-armés. J’essayai de forcer cette porte pour pénétrer dans cette petite salle où ils s’étaient cachés comme des rats et c’est alors que j’entendis la voix de ma fille : « Papa, laisse cette porte. » Je me retournai, elle et Gary se tenaient à dix pieds de moi. Tout se passa très vite, ma fille me sauta à la gorge alors que mon fils pointait une arme dans ma direction. Je fis basculer ma fille contre Gary, et, la porte du sous-sol ouverte et dégagée temporairement, je me précipitai au-dehors où je courus jusqu’à mon automobile, seule chance de salut…

Et dans cette station de métro, je comprends ce que même les étrangers n’ont su comprendre. En nous prenant nos enfants, ils nous ont aussi pris ce qui nous était le plus chers en ce monde. J’aurais dû tuer Evelyn et Gary mais comment aurais-je pu commettre un tel crime. Ces enfants, bien qu’habité d’un autre esprit, sont toujours mes enfants et je sais que tous ceux-là qui ont des enfants et qui les perdront bientôt, pensent comme moi, on ne peut éviter l’inévitable. Assassiner mes propres enfants, jamais, plutôt mourir moi-même…

 

CHICAGO TIMES, le 6 juillet

Les Enfants Possédés se mettent à creuser la terre…